Le pardon représente un processus qui peut se faire par petits bouts. L’important est de commencer et de continuer. Avoir la patience d’aller jusqu’au bout pour en retirer les bienfaits. La compréhension de ce qui nous a blessé aide à cheminer vers le pardon. Il faut prendre le temps de vivre ce processus qui comporte différentes étapes que nous aborderons dans cet article.
La personne blessée est celle qui souffre le plus
Quand on a subi une offense, on a tendance à ressasser les mauvais souvenirs. Ceci réveille le traumatisme comme si ça se passait dans le présent. On peut devenir agité et volubile pour décrire la blessure ressentie. L’énergie négative peut nous envahir et cela, même si la blessure date de plusieurs années. Il peut y avoir une accumulation de tensions malsaines qui compromettent notre santé mentale et physique. Nous devenons plus vulnérables au déséquilibre dû à ce stress latent auquel s’ajoutent les autres stress de la vie.
Se libérer du mal
Pardonner libère de la souffrance lorsqu’on comprend que l’autre a agi compte tenu de son vécu, de ce qu’il a reçu dans les transmissions des générations passées, de ce qu’il a intégré de sa vie. L’autre peut transmettre des traumatismes non résolus. Que faire alors? Lui en vouloir? Nourrir un ressentiment? L’accuser? Le juger? Le blâmer?
Toutes ces attitudes négatives ne mènent à rien de bon en soi. Elles n’apportent pas la paix intérieure! Au contraire! Elles nourrissent le mal ressenti et le font resurgir dans le présent, comme si la blessure était vécue dans le moment. Cela nous rend moins disponible au présent. S’accrocher au passé nous fait souffrir. On peut se demander qui souffre le plus? Le fautif ou la personne blessée?
Croire que l’autre nous fait du mal en le souhaitant et en le faisant consciemment, impunément, ne reflète pas nécessairement la réalité. L’autre peut réagir à des blessures passées qui ne nous concernent pas. La blessure que nous ressentons n’en est pas moins légitime, mais nous pouvons comprendre qu’elle ne nous est pas expressément destinée. Cela peut aider à se libérer du mal.
Pardonner fait du bien
Pardonner fait du bien à la personne blessée. Qui sait ce que le fautif retient de l’expérience? Qui sait comment il perçoit la supposée faute? Peut-être se donne-t-il raison d’avoir agi comme il l’a fait? Peut-être ne reconnaîtra-t-il jamais son tort? Rappelons-nous, il n’y a jamais une médaille assez mince pour n’avoir qu’une seule face! Il y a donc 2 côtés à une médaille. Ce qui signifie qu’il y a nécessairement 2 versions à une histoire.
Développer le pouvoir de mettre fin à la douleur
La personne blessée est celle qui peut mettre fin à la douleur lorsqu’elle pense à ce qui l’a heurtée. Cela se fait généralement de manière graduelle. Elle seule peut se libérer de ce fardeau qui pèse lourd et qui rend la vie difficile. Elle seule souffre en se remémorant la blessure subie.
Réparer le passé
On peut réparer le passé en donnant droit à l’erreur à tous les protagonistes. En reconnaissant les limites humaines. En ne demandant pas la perfection. En acceptant la réalité telle qu’elle est avec ses limites et ses possibilités. En cessant de juger. En cessant de présumer des intentions des autres. En refusant de s’appesantir avec les mauvais souvenirs. En lâchant prise petit à petit et en se détachant des souvenirs blessants.
En certaines occasions, lorsque le dialogue est possible, on peut demander réparation de la faute commise. L’autre, s’il accepte d’adhérer à la demande, peut trouver une manière de se faire pardonner en s’engageant dans une action positive qui fera du bien aux deux personnes. (Voir l’article paru dans viedeparents.ca « Dialoguer à partir d’une simple question : une révolution dans le couple! »).
Lorsque le processus est vécu jusqu’au bout, il nous fait vivre graduellement de nouvelles sensations et sentiments. Résilience, liberté, bien-être, gaieté, joie de vivre, plaisir, bonne humeur nous attendent quand on s’engage dans ce processus qui mène au pardon.
Reconnaître sa part de responsabilité
Quelle part a-t-on joué dans le scénario qui nous a blessé? Qu’est-ce qui a été touché en nous qui fait que l’on réagit négativement? Ces questions sont importantes pour nous responsabiliser davantage et nous rendre plus conscient. En voyant sa part de responsabilité, on devient moins dépendant des autres et plus affirmatif de ses besoins et de ses désirs.
L’accusation et le jugement de l’autre occasionnent une tension dans le couple. (À cet effet, voir dans viedeparents.ca « L’accusation et le jugement : des poisons dans la relation de couple »)
Mettre au repos l’émotion négative
On sort plus fort à se positionner autrement en respectant l’humanité et la dignité de l’autre. Et cela, même si, à nos yeux, il nous a causé une blessure. Comprendre la nature humaine avec ses faiblesses nous décoince et nous permet d’avancer. On cesse de donner à l’autre le pouvoir de nous faire chavirer dans nos émotions négatives et de nous mettre à l’envers : colère, rage, ressentiment, hargne, haine, rancœur, douleur, amertume, vengeance, rancune, fureur, hostilité, grogne, révolte, indignation, animosité, aigreur, dépit, etc.
Si on ne pardonne pas, il devient important de réaliser que c’est nous qui sommes le plus affecté par les blessures qui nous reviennent à l’esprit.
Des situations abusives révoltantes
Certaines situations abusives sont révoltantes. Par ailleurs, elles nécessitent le plus souvent un suivi juridique et peuvent entraîner des peines de prison pour les fautifs. On pourrait dire que ces situations abusives sont impardonnables!
Mais qu’en est-il des victimes de ces actes criminels? Comment peuvent-elles se refaire une vie après l’abus vécu? On comprendrait qu’elles développent du dégoût, du rejet, de la fureur, de la rancœur et plus encore.
Développer la paix intérieure
Pour développer la paix intérieure, elles auront un long cheminement à vivre pour enfin faire la paix avec ce qu’elles ont vécu. Pour cesser de ressasser les mauvais souvenirs et de ressentir plein d’émotions négatives dont nous avons déjà parlé. Comment font les victimes pour se détacher du traumatisme vécu? En développant de la résilience, soit cette capacité à se ressaisir, à s’adapter et à réussir sa vie en se développant positivement en dépit du traumatisme vécu. Et cette résilience permet à ces personnes de rire un bon coup, de réaliser des projets constructifs, de développer une joie de vivre malgré ce qu’elles ont vécu.
Être affecté par le traumatisme vécu
Ces personnes pourraient très bien vivre leur vie en étant affectées par l’abus vécu d’une manière où elles n’arrivent pas à bien fonctionner dans la société telle qu’elle est (problèmes de santé mentale, toxicomanie, alcoolisme, dépendance affective, suicide, itinérance, dépression et autres problèmes). Elles pourraient aussi, habitées des émotions négatives, reproduire le mal vécu en s’auto-détruisant ou en transmettant à d’autres le mal-être vécu. Reconnaissons là le schème observable derrière plusieurs abus. Soit des personnes ont été malmenées et abusées s’en prennent à elles-mêmes ou aux autres, en désespoir de cause. Les questions qui se posent maintenant sont : Comment briser ce cercle vicieux? Comment ne pas reproduire le mal terrible que l’on a vécu?
Briser le cercle vicieux
On peut briser le cercle vicieux en acceptant de vivre un cheminement intérieur qui mène graduellement à la compréhension de la faute commise (contexte, capacités physiques et mentales, antécédents familiaux, vécu de la personne, etc.). Cheminer vers l’acceptation de la réalité telle qu’elle est, avec ses limites et ses possibilités, positif et négatif compris. Il faut essayer de cesser de revivre le traumatisme qui fait mal. Lâcher-prise face à la souffrance intériorisée. Refuser catégoriquement de retransmettre à d’autres le traumatisme vécu. Intégrer cette expérience ultra négative dans son histoire de vie. Renoncer à se venger de l’offense. Accepter la réalité sans dépit. Cesser d’entretenir à l’égard de quelqu’un de la rancune ou de l’hostilité. Or, ces trois dernières attitudes décrivent dans le Petit Larousse illustré, 2018, ce qu’est le fait de pardonner.
Arriver à pardonner
Pour arriver à pardonner, on a besoin de vivre différentes étapes préliminaires et progressives.
Ce cheminement peut donc être long. Pour certaines personnes, c’est l’histoire d’une vie!
Conclusion
Pardonner se fait à notre propre bénéfice! La blessure se cicatrise enfin. Le paysage intérieur se transforme positivement. On se développe sur le plan personnel en devenant plus fort, en transformant notre vision. Finalement, en comprenant mieux la dynamique derrière la faute commise, on prend conscience qu’on a tous un côté sombre et un côté lumineux!
Par Jocelyne Petit Docteure en Sciences de l’Éducation
Par Valérie Leblanc - 2 octobre 2017
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