Une simple question peut changer toute l’atmosphère de la relation de couple. La question est : « Qu’est-ce que tu en penses? ». Interroger l’autre sur ses perceptions, ses valeurs, ses préférences, ses avis, ses interrogations, ses pensées, ses émotions, ses projets, ses désirs, ça change la relation! La question posée doit être ouverte et l’attitude de la personne qui la pose doit être intéressée et attentive pour que l’autre puisse donner une réponse complète en lien avec son expérience réelle. L’écoute doit être au rendez-vous! Pas une écoute entrecoupée de messages lus sur le cellulaire! Une vraie écoute!
Tenir compte de l’avis de l’autre
Cette question, pourtant si simple, démontre que l’on a de la considération pour l’autre et que l’on désire respecter sa différence de point de vue, si c’est effectivement le cas. « Qu’est-ce que tu en penses? » nous fait accéder directement au processus de différenciation et d’individuation (voir, à cet effet, l’article paru dans viedeparents.ca « L’accusation et le jugement : des poisons dans la relation de couple »). Cette question révolutionne la relation autoritaire et autocratique où l’on impose à l’autre nos avis et nos choix sans tenir compte de son vécu respectif. Elle s’inscrit dans une intervention démocratique où chaque être est perçu comme unique et ayant droit à sa parole.
Donner droit à la parole de chacun
Quand on veut vraiment savoir ce que l’autre pense et que l’on présente nos idées avec cette question-là en tête, la parole de l’autre est libérée. La relation évolue de manière presque instantanée pour bâtir un rapport plus satisfaisant et constructif. La vérité de l’un rencontre celle de l’autre pour engendrer du nouveau dans la relation dans le respect des différences.
Respecter les frontières corporelles et psychologiques qui séparent les êtres
La conscience de l’unicité de chaque personne se développe avec cette simple question. Les individus sont perçus comme ayant des perceptions différentes. Il est à noter que l’étymologie latine du mot « individu » signifie « indivisible ». Donc, il y a là la perception d’une entité distincte de soi et, il y a, par cette question, une ouverture vers l’autre pour connaître son avis. Ainsi, les frontières corporelles et psychologiques qui nous font percevoir l’autre comme une entité séparée de soi sont bien intégrées dans le champ de vision et elles sont respectées.
Reconnaître la dignité de chacun des partenaires
« Qu’est-ce que tu en penses? » fait honneur à l’individu en faisant apparaître ses commentaires comme étant dignes de mention et intéressants à entendre. L’unicité de la personne interrogée est valorisée. Une sensation d’unité ou d’identité peut alors être ressentie. Être reconnu avec égard accroît le sentiment de dignité humaine. C’est très positif dans la relation de couple! Et dans les autres relations aussi!
Accepter les différences
Déjà, la question en soi, permet à la différence de s’exprimer. S’il y a recherche de similitude, la frustration et la déception guettent. (Voir à cet effet l’article paru dans videparents.ca « Quand les attentes sont sources de frustrations et de déceptions dans la relation de couple »). Si la position occupée par la personne qui interroge son partenaire est ouverte et empathique, la différence peut être exprimée et engendrer un échange ressourçant.
Prendre conscience de la distance qui nous sépare de l’autre
En même temps que l’on s’approche de l’autre pour mieux connaître son avis et donc, mieux le connaître, on prend conscience de la distance qui nous sépare de l’autre. On respecte l’autre dans sa « bulle », sur son territoire.
Permettre le « non » de l’autre
Permettre à l’autre de se manifester dans sa différence, lui permet de dire non à nos propositions. « J’aimerais faire du patin! Viendrais-tu avec moi? Qu’est-ce que tu en penses? ». L’autre conquiert sa liberté de dire « non ». Ladite question permet à l’autre d’exister en dehors de nous et d’avoir ses propres désirs, ses propres projets. Les choix de l’un des partenaires ne se présentent plus comme des exigences imposées à l’autre. Les choix de réponses se diversifient et se différencient.
Partager le pouvoir
Comme il est dit plus tôt, l’intervention devient plus démocratique avec cette simple question. Le pouvoir est partagé entre les partenaires. Personne ne dicte à l’autre les choix qu’il doit faire. C’est en toute liberté que chacun exprime sa pensée pour faire connaître sa position et son point de vue. La position devient confortable : il y a une juste proximité et une juste distance de respect. Chaque personne occupe sa juste place.
Conclusion
C’est une véritable révolution dans la relation de couple et, par ailleurs, dans toutes nos relations, quand nous prenons l’habitude de poser la question « Qu’est-ce que tu en penses? ». Une question si simple nous demande de nous situer sur notre territoire et de ne pas envahir le territoire de l’autre. C’est une bonne base pour développer du respect!
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation
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