Le désir sexuel est une composante interne, une pulsion, un intérêt qui peut nous amener à l’activité sexuelle. Il est ressenti chez la majorité des êtres humains, mais son intensité peut varier en fonction de plusieurs facteurs bio-psycho-sociaux. Lorsque nous entamons une relation amoureuse, nous avons tendance à croire que notre libido est similaire et que nous sommes sur la même longueur d’onde au niveau de nos besoins par rapport à la sexualité. Ceci peut être relié au fait que nous nous retrouvons dans la phase de la passion amoureuse, une phase plus fusionnelle pendant laquelle nos hormones sont en hyperactivité, et où nous mettons l’autre sur un piédestal. Nous avons bien souvent une grande envie d’être proche de notre nouvel/le amoureux/euse et de faire l’amour. Le train-train de la vie reprenant son cours, il est tout à fait normal de constater que notre niveau de désir sexuel n’est pas exactement le même et que celui-ci n’est pas forcément synchronisé.
Sachant que tous les couples passeront par une ou des périodes de questionnements sur leur désir sexuel ou d’ajustement par rapport à celui-ci, je vous propose de regarder de plus près trois éléments auxquels il est important de porter attention :
1. Faites attention de ne pas mettre trop de pression ou devenir très insistant
Cela peut engendrer une dynamique ou l’un attend et l’autre perçoit qu’il doit répondre à un besoin.
La résultante pourrait être un sentiment de culpabilité chez la personne qui a moins de désir ou un évitement de tout rapprochement intime affectif par peur de devoir nécessairement « donner » à l’autre du sexe en retour. La sexualité peut se transformer en terrain de frustrations et chacun pourrait se sentir incompris. Lorsque la sexualité entre dans une case « obligation », il est fort probable que le désir perdre encore plus de sa puissance ou que l’expérience sexuelle soit moins intéressante.
Il n’y a pas de désir sexuel normal. Certains en ont beaucoup, d’autres moins. Ce qui est à observer est la perte soudaine et inhabituelle d’un désir que nous avions habituellement. Il faut savoir qu’il y a ce qu’on appelle des « activateurs d’Éros », mais aussi des facteurs qui nuisent à notre désir sexuel. Osez discuter de vos préférences, que ce soit dans l’approche, le contexte ou le temps pour faire l’amour. Exprimez-vous sur les types de caresses, de baisers, de toucher que vous préférez. Parler sans tabou de vos expériences ensemble et des moments qui ont été les plus satisfaisants pour vous deux. Essayez d’identifier les facteurs nuisibles à la libido, sans vous faire de reproches. Parfois, il peut s’agir de sentiment d’anxiété, du stress, d’une trop grande proximité, du manque de moments en amoureux, etc. Parlez au « je » et soyez curieux face à l’expérience subjective de chacun. Retenez également que vous ne portez jamais l’entière responsabilité de la sexualité dans le couple. Il est possible de nourrir son jardin érotique seul par les fantasmes et pratiquer la masturbation.
2. Maintenez la séduction
La sexualité est l’une des grandes sphères de pouvoir dans le couple. Le partenaire ayant le moins de désir est celui qui contrôle cette sphère, que ce soit voulu ou non. Un des problèmes qui peut en découler est que le partenaire ayant le plus de désir se sente rejeté et de moins en moins désirable. Il peut aussi sentir qu’il n’a pas d’autre choix que de s’ajuster à son partenaire moins désirant et qu’il sera constamment insatisfait. Cela peut être souffrant pour cette personne et peut l’amener à arrêter de mettre des efforts dans la séduction parce qu’elle anticipe le rejet.
Conseil : continuez de vous démontrer votre attirance même si l’un des deux partenaires a moins de désir sexuel. Le désir peut naître du regard désirant de l’autre. En arrêtant toute tentative de rapprochement, vous participez tous les deux à une dynamique où la sexualité est sous-investie. Une relation sexuelle, ce n’est pas que la pénétration. Ce sont des composantes de la sexualité qui vous aideront à trouver un sentiment de connexion à votre partenaire et qui pourraient favoriser l’activation du désir sexuel. Même si cela est difficile, tentez de ne pas vous dévaloriser ou vous remettre en question si votre partenaire a moins de désir sexuel, car il ne s’agit pas nécessairement de quelque chose en lien avec vous ; vous pourriez tout simplement avoir une libido différente. Si la situation est vraiment inquiétante pour vous, partagez ce que vous éprouvez et écoutez ce que ressent l’autre. Essayez, ensemble, de créer une réalité sexuelle qui vous convient.
3. Évitez l’évitement et les étiquettes
Lorsque nous réalisons que notre désir sexuel ou l’expression de celui-ci est différent, nous pouvons vivre un moment de doute et croire tout simplement à une incompatibilité. Réaliser que notre partenaire est différent peut être une source de stress et de conflit. Il arrive que la peur du conflit ou la crainte de la rupture nous amène à éviter le sujet de la sexualité. On peut également maintenir le statu quo en se disant des choses comme « rien de changera de toute façon », « mon/ma partenaire n’aime surement pas le sexe », « si je parle de la sexualité mon/ma partenaire sera blessée ». Même s’il est possible que les partenaires ne soient pas satisfaits, certains choisissent de garder le silence ou même d’être infidèles. Nous avons l’impression de maintenir un équilibre conjugal, mais il s’agit en fait de ce que j’appelle « une fausse harmonie ».
Conseil : sortez de votre zone de confort et donnez-vous la chance de vivre une réelle intimité. Se révéler, parler de ses besoins et de ses désirs est une façon d’être très intime avec l’autre. Cela peut faire peur, mais peut également vous permettre de vivre une relation plus riche, plus mature et plus intéressante. Je vous conseille de prendre le temps et le courage de parler de votre sexualité dans sa globalité et de faire face ensemble à la difficulté. Créez une alliance collaborative vous permettra de travailler « en équipe » vers un but commun au lieu de vivre vos émotions et vos inquiétudes en parallèle. Trouvez des solutions, à deux, pour favoriser l’espace pour la sexualité. Il peut s’agir de moments doux comme des bains, de sorties en couple ou de lectures érotiques par exemple. N’oubliez pas que le désir varie en relation à différents facteurs. Ce n’est pas parce qu’en ce moment la libido est faible qu’elle le restera toujours. Soyez honnête l’un envers l’autre et partagez votre ressenti face à la sexualité. Vous serez donc plus apte à prendre les bonnes décisions.
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