Mes bébés, je les ai désirés.
Je les ai imaginés.
Je les ai couvés, dix semaines alitée.
Mes bébés. Je leur ai promis monts et merveilles.
Parce que la vie est monts et merveilles.
Je l’ai toujours cru.
L’arrivée chamboule.
On m’avait mille fois prévenue.
Je répondais : Je ne veux pas une vie en long fleuve tranquille.
Je veux la voir à travers des jumelles. Y discerner ses détails, ses contrastes.
Mes bébés.
À leur vue, mon cœur a semi-flanché.
Chamboulé.
On m’avait pourtant prévenue.
Elles étaient là.
Vraiment là.
Ma tête s’est mise à spin.
Chamboulée, elle aussi.
Est-ce que j’allais être à la hauteur?
Est-ce que j’avais l’instinct maternel?
Est-ce que j’avais les qualifications pour prendre soin d’êtres humains?
Shit.
Elles étaient là.
Vraiment là.
Je ne pouvais pas les retourner au magasin.
Le temps a fait son temps.
On a rapidement pris le même rythme.
Une année à vivre au diapason nouveau.
Une année à lire sur le développement, les terreurs nocturnes, la dme pour ou contre.
Une année à devoir donner du lait maternisé et s’en vouloir.
À espérer siester plutôt que gazouiller
Et s’en vouloir.
Un premier chapitre complexe.
Je me disais avec le temps, avec l’autonomie, tout irait mieux.
Ô surprise!
Les chapitres suivants étaient tous aussi enlevants de questionnements.
En fait, plus le temps, plus l’autonomie grandissaient, plus ma culpabilité se forgeait une place profonde et trop confortable dans ma tête.
Et pendant que cette graine de faiblesse prenait tranquillement mais sûrement racine dans mon esprit et un peu dans mon cœur, aussi, la vie poursuivait son cours.
Monts et merveilles.
Comme prévu.
Contre vents et marées.
Payer son impôt.
Boulot.
Qu’est-ce qu’on mange pour souper?
As-tu pensé acheter du lait?
Fêter un anniversaire.
Sortir au théâtre.
Le linge dans laveuse, y date de quand?
Faire l’épicerie.
Appeler mes parents.
Se faire des tatous temporaires dans le front.
Aller cueillir des pommes.
Se chercher un emploi.
Répondre à des courriels.
Dégât d’eau au sous-sol.
Lire un livre.
L’apprentissage de la propreté, leçon no 587.
Qu’est-ce qu’on a fait avec le reste de pâtes?
Se coller dans le divan.
Changer une ampoule.
Et se dire : J’en fais-tu assez pour mes enfants?
Sont-ils vraiment heureux?
Sont-ils vraiment dans le top de l’heureux possible pour leur âge?
Faudrait peut-être que je lise là-dessus…
Et je lis et relis.
Sur la co-éducation émotionnelle, la reprogrammation émotionnelle, la parentalité positive, l’intervention bienveillante.
Puis je tombe sur le réservoir affectif.
Ce seau troué à l’intérieur de chaque enfant qui demande à être rempli.
Et j’angoisse.
J’angoisse parce que je sais que certains matins, j’ai envie de prendre un deuxième café, lire mon journal, plutôt que de faire une tour de blocs.
J’angoisse parce que j’ai refusé de chanter une sixième berceuse et que ma petite chérie s’est endormie déçue.
J’angoisse même quand je suis satisfaite de moi.
J’aurais peut-être pu en faire un peu plus?
Mieux?
Je pense donner tout ce que j’ai à mes enfants.
Vraiment.
Et que si ce n’est pas suffisant, je ne sais pas comment je pourrais en donner plus, tout en subvenant et en gardant à flot le reste du quotidien.
Tiens, voilà l’angoisse qui revient.
J’ai beau lire…
Ma parentalité c’est une improvisation mixte ayant pour thème la remise en question.
Est-ce que je passe assez de temps avec mes enfants?
Est-ce que le temps que je passe avec eux est de qualité?
En faire moins, mais mieux, est-ce que c’est un leitmotiv qui s’applique aux enfants?
Shit.
Est-ce que ces questionnements font de moi une mauvaise maman?
–
Pause sur image.
J’écris à l’ordinateur.
Autour de moi, deux toutous siestent sur le fauteuil.
Des livres empilés attendent leurs lectrices.
Un barbeau sur mon bureau m’attendrit.
Elles «travaillent» qu’elles avaient dit.
Dessiner avec des crayons d’adulte à tout prix.
Au retour de la garderie, je les prends sur moi dans le divan, prête à connaitre la vérité :Veulent-elles plus de moi?
Sont-elles pleinement épanouies?
Je veux savoir.
Maman?
Oui?
Est-ce qu’on peut aller jouer?
Oh! Ben oui.
On va revenir te voir tantôt, ok?
Oui, oui.
Pis on va te coller, ok?
Oui, ok.
On va te coller fort-fort, ok?
Merci.
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