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Le premier jour du reste de ma vie
Je suis pas parfaite et je suis maman que depuis 6 mois mais déjà, ma vie est toute chamboulée et ma tête est pleine de mots.
Il s’appelle Loïc. Il pesait 5lbs et 4oz et ils ont dû le sortir par une fente sur mon ventre, d’urgence. Dès que les 2 grandes portes automatiques de la maternité de l’hôpital se sont ouvertes, la liste des choses que j’aurais aimé qu’on me dise avant d’accoucher a commencé à rallonger. Il y a ces choses et il y a celles que je savais, qu’on m’avait dites déjà, mais qu’il était impossible que je comprenne avant de les vivre. Premièrement, le mot ‘’latence’’. Ce petit mot si court et si léger de sens qui m’a pourtant marqué si fort mon esprit après 50 longues heures à souffrir. L’infirmière aux yeux cernés qui a prononcé la phrase la plus décevante que j’avais entendue depuis très longtemps : ‘’Ton travail n’avance pas assez vite, retourne chez toi.’’
La douceur de celle qui m’a accompagnée dans mon travail, le temps qu’elle a pris pour me masser le dos, pour m’aider à respirer et, un peu plus tard, la fermeté du médecin qui a prononcé la phrase la plus inquiétante que j’ai entendu de toute ma vie : ‘’On doit le sortir de là, par césarienne, et on a moins d’une heure pour le faire.’’
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Oh parlons-en, de cette césarienne. J’avais entendu ce mot un million de fois. Je savais qu’ils allaient couper mon ventre mais je n’avais prévu la 2e dose de péridurale qui m’a fait me sentir dissociée de mon propre corps, l’urgence lorsque bébé ne va pas bien, le fait qu’ils se ressemblent tous dans cette grande salle froide avec leurs masques bleus sur le visage. Mon corps qui tremble au complet, motivé par la peur et les médicaments. La nausée qui apparaît, la sensation étrange lorsqu’ils déposaient leurs outils sur mon ventre pourtant gelé. Pas tout à fait une douleur, mais juste assez présente pour te rappeler que ce qu’ils charcutent derrière le grand rideau bleu t’appartient. Ton corps.
Je ne blâme personne, je les ai vus essayer si fort de le sortir avant de déclarer nécessaire la césarienne. J’ai vu les yeux inquiétés de ma mère qui regardait les battements du cœur de bébé et les miens, sur le moniteur. Ils m’ont expliqué ce qui se passait, m’ont préparée, ont même fait un peu d’humour qui était plus que bienvenu et qui m’a détendue. Mais malgré toute leur bonne volonté, rien n’aurait pu me préparer à ceci.
Et puis comme je pensais avoir déjà tout vécu, après 24 heures sans voir le petit être qu’ils ont sorti de moi, les 3 nuits dans l’hôpital surchauffé et les visites épuisantes, le miracle s’est produit. On a ramené le plus magnifique petit paquet de chaleur et d’odeurs que la terre ait porté à la maison et on s’est installés devant lui, les yeux grands ouverts malgré la fatigue, pour le regarder vivre. Il y avait tant de vie dans ce petit homme que j’en suis encore déroutée. 6 mois plus tard, je ne peux imaginer ma vie sans lui, déjà. De tout ce qu’il y a sur la liste des choses que j’aurais aimé qu’on me dise avant de devenir maman (dont je n’ai même pas encore fait le tour complet), c’est le point le plus important.