Ma paternité assumée

Pendant les 8 mois passés avec mon bébé, j’ai remarqué des choses étranges. Comment ça se fait qu’il n’y a pas d’émoji de papa qui berce son nouveau-né sur mon téléphone? Pourquoi suis-je souvent obligé de changer une couche par terre dans les toilettes publiques pour hommes parce qu’il n’y a pas de table à langer? Qui sont tous ces étrangers qui me font un petit signe de la tête, comme M. Miyagi quand il est fier de Daniel-san, alors que je fais juste porter mon bébé dans mes bras?

Mais là, ça y est, j’ai compris. C’est parce que nous sommes rendus dans (attention à vos yeux, ça va fesser) l’ULTIME FRONTIÈRE! Et je ne parle pas du Star Trek poche où une sorte de Jésus pitche des éclairs bleus. Nenon. Il s’agit plutôt de notre limite inconsciente à accepter que, ben oui, c’est normal un père qui s’occupe d’un bébé… surtout quand c’est le sien!

Il y a plusieurs années, la frontière était beaucoup plus reculée. Un père tout seul avec des enfants plus vieux, c’était pas quelque chose de bizarre, mais c’était pas courant, mettons. On se disait qu’il était peut-être séparé ou veuf, ou que la mère allait bientôt surgir des toilettes pour reprendre les rênes et mettre fin au chaos. Heureusement, les choses ont beaucoup changé… jusqu’à ce qu’on parle de bébés!

Je peux comprendre. Moi aussi, avant, je regardais les papas seuls avec un bébé comme les gens qui passent en unicycle sur la rue : « Wow, c’est spectaculaire, mais maudit que ça doit pas être pratique! » Mais maintenant je vois que c’est quelque chose qui peut… attendez, je rajoute deux-trois couches d’intensité informatique… qui DOIT être naturel, même banal. Et ce serait facile de chialer à tous les passants : « Ben oui, revenez-en, c’est pas un costume d’Elvis à paillettes que je porte, c’t’un bébé! », mais la vérité c’est que :

1. J’aime quand-même ça les p’tites tapes dans le dos. Pis peut-être qu’il faut que ce soit encouragé avant d’être normalisé. Genre, peut-être on devrait aussi féliciter la maman seule avec son bébé à la pharmacie et lui ouvrir la porte ou lui demander ce qu’elle cherche.
2. C’est aussi à nous, papas, de prendre notre place. Et c’est pas facile, parce qu’on peut vite être tassés dans le processus. On laisse la mère s’occuper du nouveau-né parce que c’est elle qui l’a mis au monde, qui l’allaite, qui a le tour, etc. Pis ben vite on trouve que bébé est pas super excité quand on est seul avec lui, alors que quand maman arrive, c’est comme si c’était Beyoncé qui rentrait avec l’épicerie.

J’ai entendu une phrase que j’aime beaucoup : « Be aggressively informed and involved ». Comme conjoint, soyez informé et impliqué, agressivement s’il le faut. Ça veut pas dire de plaquer votre blonde au sol pour vous sauver avec bébé vers la zone des buts, mais plutôt de passer à l’action, de s’infiltrer partout où il y a de la place pis de s’informer avant que les problèmes arrivent.

Parce que plus il va y avoir de papas qui vont manier le porte-bébé comme des champions, moins les passants vont avoir envie de les dévisager. Et on va enfin pouvoir la franchir, l’ULTIME FRONTIÈRE!

Quoi? Qu’est-ce qu’il y a au-delà de l’ultime frontière? Ben des hommes enceintes, bien sûr. Mais ça, y a juste Arnold Schwarzenegger qui pourrait vous en parler.

Rédaction : Papalicieux
Mise à jour : 23 avril 2018

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