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Le plaisir du parent est un guide pour intervenir
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Lorsque le parent éprouve du plaisir en compagnie de son enfant, c’est très bon signe! Cela signifie que les comportements de l’enfant sont sécuritaires, constructifs et positifs. Nul besoin d’être en interaction directe avec l’enfant pour avoir ce plaisir. Juste de voir son enfant jouer librement et seul, le voir inventer des scénarios variés et créatifs sont des sources de plaisir. Il en est ainsi lorsqu’il interagit avec son enfant.
Interagir avec son enfant
Toute interaction suscite des sensations et des émotions. C’est ce que je nomme « le ressenti ». Quand les choses tournent rondement, le plaisir est ressenti. Cette sensation est véritablement une base sur laquelle s’appuyer quand le parent interagit avec l’enfant. Écouter ce ressenti plaisant et intervenir dès que l’on sent que ce « feeling » s’estompe et s’efface pour laisser place à une autre sensation déplaisante cette fois (Impatience, colère, peur, tristesse, frustration, ambivalence, agressivité, désagrément pour n’en nommer que quelques-unes). Cette sensation de déplaisir doit guider le parent pour intervenir rapidement et prévenir ainsi la désorganisation tant chez l’enfant que chez lui-même. Exiger un temps de tranquillité pour l’enfant et pour soi, si nécessaire, pour donner à chacun la possibilité de retrouver le contrôle de soi-même. À tout le moins, parler et verbaliser son ressenti :
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« Je n’aime pas ça! »
« Je me sens mal quand je vois tel comportement! » (Spécifier le comportement)
« C’est désagréable pour moi de devoir toujours répéter la consigne! »
« C’est déplaisant! »
« Je n’ai pas de plaisir! »
« Pour avoir du plaisir, on a besoin… (de calme, de plus de participation au rangement, de plus de participation aux tâches, etc.)
« Pour garder le plaisir, j’ai besoin que ce comportement cesse (Spécifier le comportement)
« Je n’accepte pas tel comportement (Spécifier le comportement)
« Je ne suis pas bien quand je vois… »
Etc.
Donner la limite à respecter
En écoutant son ressenti, le parent donne la limite à respecter pour se maintenir dans le plaisir. La limite pour éviter de se faire mal ou de faire mal à l’autre. Éviter de briser le matériel de jeu qui ne sera plus utilisé, une fois brisé. Apprendre à respecter le « non » de l’autre. Ce sont là des apprentissages fort utiles dans la vie sociale avec ses semblables. Les consignes données doivent être simples, claires et brèves. Éviter les longues tirades et les longues explications qui embêtent l’enfant, surtout lorsqu’il est plus jeune.
Défendre son plaisir
En défendant son propre plaisir, le parent ouvre la voie à l’enfant pour qu’il fasse de même. Non pas de manière égoïste et égocentrique, mais de manière à développer des habiletés sociales importantes comme le respect de soi, le respect d’autrui et le respect de l’environnement.
Se faire confiance
En voulant être trop « bienveillants », des parents abdiquent leur propre pouvoir et leur propre plaisir. Ils démontrent trop de tolérance. Ils craignent qu’en imposant des limites, la relation avec l’enfant en souffre. Or, c’est tout le contraire qui se produit quand le parent se fait confiance, écoute son ressenti et défend son plaisir. Intervenir quand on sent une sensation négative aide l’enfant à respecter les limites et à se maintenir dans un plaisir sain.
Conclusion
Le plaisir est une sensation agréable à ressentir. Elle peut nous guider sagement vers le bonheur d’être parent en faisant connaître à l’enfant où nous nous situons et en lui faisant sentir notre détermination à préserver le plaisir dans la relation. Là-dessus, pas de compromis!
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation