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L’ami de mon ado appelle au secours: que faire?
Quand on vit une difficulté à l’adolescence, c’est rare qu’on ait envie de se confier à nos parents (à leur grand désespoir d’ailleurs!). Mais la fusion avec les amis est telle durant cette période de la vie qu’il n’est pas rare que les confidences se fassent auprès du cercle d’amis. Parfois un ami de notre ado vit une si grande détresse qu’il vient à parler de suicide. Comment réagir face à une si grande démonstration de détresse? Il peut être difficile pour notre jeune d’accompagner un ami dans une épreuve de la sorte, c’est pourquoi on doit être présent pour notre ado qui reçoit ce genre de confidence.
Comment réagir?
La manière dont vous réagirez lorsque votre enfant vous parlera de ses inquiétudes influencera le reste de la démarche. Si vous répondez vaguement ou que vous repoussez le sujet du revers de la main, vous aurez peut-être manqué le bateau. Il faut saisir la balle au bond! Démontrez que vous avez envie d’en parler plus amplement, mais, surtout, que vous voulez entendre ce que votre ado pense de la situation. Si le moment est mal choisi (exemple : il vous balance l’info juste au moment où vous le laissez à sa pratique de soccer), fixez dès maintenant un moment pour recommencer la discussion.
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Cette première réaction de votre part démontrera que vous vous souciez de lui, que vous êtes ouvert à entendre ses inquiétudes et que vous êtes là pour lui. Cet accueil sera un exemple pour lui, faisant en sorte qu’il aura tendance à réagir également de la sorte lorsqu’une personne de son entourage aura besoin d’être écoutée. Vous êtes donc un modèle d’écoute, afin que votre ado en devienne un à son tour.
Aller chercher l’information
Assurez-vous que l’endroit et le moment sont bien choisis et attardez-vous aux sentiments de votre ado. Son ami est-il plus triste qu’à l’habitude? Est-ce que ça fait longtemps qu’il sent que son ami ne va pas bien? Qu’est-ce qui fait qu’il s’inquiète pour lui maintenant? Votre jeune a sans doute une bonne intuition et même s’il s’est inquiété pour rien, vaut mieux prévenir!
En plus de ses observations, il se pourrait qu’il vous rapporte des paroles prononcées par son ami. Une fois que votre jeune a senti qu’il pouvait se permettre de discuter de ses inquiétudes en toute confiance, permettez-vous de le questionner sur le sujet du suicide. Est-ce que son ami a dit ouvertement vouloir mourir ou encore a mentionné des messages plus subtils? Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas à prendre à la légère. En effet, les études démontrent que la majorité des personnes ayant porté atteinte à leur vie en avaient parlé avant de commettre le geste.
Quoi faire?
Ces situations sont souvent délicates, car votre jeune se sent pris avec un « secret » et ne veut pas briser la confiance que son ami a en lui. Il n’est pas rare que l’ado commence à vous en parler en disant : « Il faut que tu me promettre que tu ne lui en parleras pas! » Si c’est le cas, il faut prendre un moment pur expliquer que, oui, la confidentialité d’un secret c’est important, mais que dans ce cas-ci, la vie est plus importante. Parce que garder un tel secret pourrait avoir de graves conséquences.
Ensemble, faites une liste des solutions disponibles, comme faire appel à un intervenant scolaire, ou encore identifier les ressources qui sont disponibles sur le web. Encouragez votre enfant à rester à l’écoute et rappelez-lui que vous êtes toujours disponible pour discuter. Dans tous les cas, il est important de ne pas rester seul avec le problème.
Connaissez-vous le COQ? C’est une méthode simple et essentielle à mettre en application auprès de nos proches ou des gens que l’on rencontre, afin d’évaluer s’il y a risque de suicide.
Comment comptes-tu te suicider?
Où comptes-tu te suicider?
Quand comptes-tu le faire?
Tout intervenant en santé mentale ou dans le monde de la santé vous le dira : il est important de poser la question franchement et sans détour à une personne qui présente des signes de dépression. Accepter de parler ouvertement de suicide, ça démontre une ouverture d’esprit et ça élimine le jugement, ce qui permet à la personne qui souffre de se sentir acceptée telle qu’elle est, en dehors du tabou social.
Évidemment, chaque situation est unique. L’important est surtout d’aller chercher de l’aide pour votre jeune et son ami, en vous informant auprès des ressources disponibles 24 heures sur 24. Des intervenants spécialisés sont formés pour traiter de ces questions au quotidien, il ne faut absolument pas rester pris avec un secret de la sorte.
1-866-APPELLE (1-866-277-3553)
https://www.cpsquebec.ca/
https://jeunessejecoute.ca/
https://www.teljeunes.com/Accueil
Maud Pellerin, ps.éd.
Clinique Mana