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Une naissance dans la famille : comment accompagner les enfants plus vieux?
La naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur peut générer un stress pour les enfants plus vieux. En effet, chacun avait sa place bien établie avant la naissance. L’équilibre est rompu par la présence d’une nouvelle personne qui, de plus, demande beaucoup de soins. Les habitudes de chacun sont chamboulées. Ça demandera une grande capacité d’adaptation pour faire face à tous les changements qui ont lieu.
Il faut reconnaître que la jalousie entre frères et sœurs est normale et même saine. Elle fait partie du processus pour devenir un individu et pour socialiser. L’enfant apprend à dépasser sa jalousie pour faire de la place à l’autre et apprendre le respect de la différence de l’autre. Mais il a besoin d’aide pour réaliser ces apprentissages. Il a besoin d’amour de ses parents.
Certains enfants vivent avec joie l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur dans la famille. D’autres vivent cet évènement de manière plus ambivalente; ce qui affecte leurs comportements.
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Des comportements agressifs peuvent être observables (frapper, pincer, mordre, etc.).Des comportements régressifs peuvent aussi être observables (biberon, gobelet, suce, couche, parler en bébé, etc.). Les comportements dérangés sont généralement temporaires; le temps que dure l’adaptation. Normalement, tout revient dans l’ordre assez rapidement. Petit à petit, l’enfant plus vieux comprend que le bébé ne lui retire pas l’amour de ses parents et il consent à lui faire une place. Il faut prendre le temps qu’il faut pour l’adaptation et éviter de forcer les choses. Voici des interventions aidantes pour faciliter ce passage :
- DIRE LA VÉRITÉ. PRÉVENIR.METTRE DES MOTS SUR LES ÉMOTIONS
- Répondre honnêtement aux questions de l’enfant sur la grossesse, la naissance. Lui parler de sa naissance en lui montrant des photos de lui étant bébé. Lui faire réaliser qu’il a eu les mêmes soins que le bébé.
- Préparer l’absence de la mère durant l’hospitalisation : dire à l’avance ce qui va se passer, dire qui prendra soin de lui, privilégier des contacts fréquents avec la ou les personnes qui en prendront soin.
- Éviter qu’au retour à la maison après l’hospitalisation de la maman, l’aîné trouve « l’intrus » déjà installé.
- Accueillir les émotions de jalousie, de peur de perdre sa place, de non-amour, de frustration, d’insécurité, d’incompréhension, d’inquiétude, d’impatience, d’abandon, de haine, etc. Dire à l’enfant qu’il peut venir vous en parler quand il ressent ces émotions négatives. Écouter sans faire la morale. Éviter de culpabiliser l’enfant. L’inviter à faire un dessin pour exprimer ses émotions.
- Lire des livres et des histoires qui sont reliés aux thèmes de la naissance, de la grossesse, du rôle d’aîné et discuter avec l’enfant de sa compréhension et de ses émotions.
- DÉVELOPPER L’ESTIME DE SOI. VALORISER
- Valoriser la place de « grand » dans la fratrie en faisant voir les privilèges associés à ce statut ( nourriture différente, faire des sorties, jeux différents, etc.)
- Offrir à l’aîné un cadeau de la part du bébé à son grand frère ou sa grande sœur.
- Mettre une photo de l’aîné dans la chambre du bébé.
- Souligner les comportements positifs.
- Rassurer l’aîné sur l’amour que vous lui portez.
- Faire remarquer les réactions positives du bébé en présence de l’aîné (Ex. : « Bébé sourit quand tu es près de lui ! »)
- Donner une attention individuelle à l’enfant plus vieux en vivant avec lui ses activités préférées.
- À l’hôpital et au retour à la maison, que la mère ait les mains libres pour accueillir l’aîné.
- Travailler de concert avec les autres intervenants (éducatrices, enseignantes) pour coordonner les efforts pour faciliter l’adaptation.
- Si des symptômes de stress perduraient, envisager une aide professionnelle, au besoin.
- FAIRE PARTICIPER L’ENFANT
- Faire participer l’enfant aux préparatifs (nouveaux achats, choix de vêtements, aménagement de la chambre, choix de jouets, visites chez le médecin, écouter le cœur du bébé, sentir les mouvements dans le ventre, etc.)
- Faire participer l’enfant à son changement de chambre (préférablement, avant la venue du bébé).
- Favoriser les jeux de rôles où l’enfant exprime son vécu et imite les soins donnés au bébé (poupée, biberon, bain, lit, vêtements, etc.)
- À la naissance, permettre au plus vieux d’offrir un présent au bébé.
- Faire participer l’aîné dans les soins au bébé (choisir le pyjama, donner la suce, chercher une couche, chanter, bercer, etc.).
- Inclure la photo de l’aîné dans les faire-part de naissance.
- ÉTABLIR DES LIMITES CLAIRES
- Interdire les gestes de violence. Expliquer calmement ce qui est interdit et pourquoi.
- Toujours assurer une surveillance. Éviter de laisser l’enfant seul avec le bébé.
- Verbaliser que l’émotion est comprise mais qu’il est interdit de faire mal au bébé.
- MAINTENIR LES REPÈRES LE PLUS POSSIBLE
- Si possible, faire garder l’aîné à la maison durant l’hospitalisation de la mère.
- Garder le contact avec l’aîné durant l’hospitalisation : téléphones à chaque jour, surprises cachées dans la maison à découvrir à chaque jour, visites à l’hôpital.
- À la maison, conserver la routine (jeux, repas, siestes, sommeil) et conserver les mêmes habitudes (lire des histoires, bercer, etc.)
- Au service de garde éducatif, conserver la routine mais l’adapter selon la réaction de l’enfant (ex. : raccourcir la journée)
- Valoriser le rôle du père (Ex. : Papa amène l’aîné en promenade pendant que maman s’occupe du bébé). Favoriser une relation de complicité entre le père et l’aîné (repas en tête-à-tête, jeux, sorties, etc.)
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation