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Que devient l’autorité parentale de nos jours?

L’autorité parentale n’est plus ce qu’elle était. Elle a tendance à s’édulcorer en accordant une place plus grande à l’enfant qui énonce ses besoins et désirs et attend la satisfaction de ceux-ci. On parle même du phénomène de l’enfant-roi tellement cette réalité s’impose à nous.

 

La responsabilité des parents

Les parents ont la responsabilité d’éduquer leur enfant, de lui communiquer des valeurs, de le former pour qu’il s’intègre bien dans la société. Autrefois, les familles étaient plus nombreuses. L’autorité parentale s’imposait presque d’elle-même. Pour assurer la bonne marche de la famille élargie, tout le monde mettait la main à la pâte. Les plus vieux enfants prenaient soin des plus jeunes. Une discipline était instaurée. La ligne de conduite était définie. La transgresser entraînait des punitions parfois sévères.

 

De nos jours

De nos jours, avec les méthodes de contraception disponibles, les familles sont généralement beaucoup plus petites. Les enfants sont considérés comme étant « précieux ». Ils sont le plus souvent choyés. Les parents cherchent à vivre à leur côté une parentalité bienveillante et positive. Que devient l’autorité parentale dans ce contexte?

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Un déséquilibre dans la communication

Toute communication implique qu’il y a un « émetteur » (quelqu’un qui s’énonce et s’affirme) et un récepteur (quelqu’un qui reçoit, accueille le message et tente de le comprendre). Or, on peut parfois observer de nos jours un déséquilibre dans la relation parent-enfant entre l’émission et la réception. En effet, des enfants expriment leurs besoins et leurs désirs et certains parents font tout en leur pouvoir pour les recevoir. Même si parfois ce que les enfants expriment est désagréable et inacceptable, il arrive que des parents se sentent dans l’obligation de les recevoir. Et c’est là que le bât blesse! Non pas qu’il soit recommandé d’exercer une autorité drastique! Mais si le parent n’exprime pas ses besoins, ses désirs, ses perceptions, ses ressentis, ses limites, l’enfant n’apprend pas à le recevoir et à respecter les limites de son parent. De plus, il peut comprendre que « Tout » peut être recevable par son parent. Il n’intègre donc pas de limites.

 

Quand le parent ressent un agacement

Prenons l’exemple de l’enfant qui pleurniche pour obtenir ce qu’il veut. Le parent pourrait ressentir un agacement, une irritation. À ce moment, il pourrait s’affirmer et émettre un message qui traduirait le désagrément qu’il éprouve : « Tu peux demander ce que tu désires sur un ton agréable! ». Le parent peut affirmer les balises qui délimitent la zone de plaisir pour être reçu par l’enfant. Si le parent n’indique pas la limite à partir de laquelle le plaisir n’est plus présent ni pour lui ni pour l’enfant, ce dernier récidivera à coup sûr avec des comportements désagréables. Il comprend qu’en chialant, il obtient ce qu’il veut. Autrement dit, il comprend qu’en s’affirmant sur ce registre, il est reçu par son parent.

 

Communiquer ses limites

Certains parents croient que, pour être bienveillants, ils doivent recevoir « Tout » de leur enfant, y compris des attitudes et des comportements irritants. Et cela même si leur bien-être et leur plaisir sont compromis. De peur de brimer l’enfant et de le frustrer, ils n’osent plus communiquer leurs limites.

On sait que pour adopter une intervention démocratique, on a besoin de conjuguer deux forces en nous : une force pour accueillir (recevoir, jouer le rôle de récepteur) et une force pour affirmer nos limites (jouer le rôle d’émetteur). En conjuguant ces deux forces, on développe une intervention qui se situe dans « le juste milieu ». (Voir à cet effet un article paru dans viedeparents.ca « La parentalité bienveillante peut-elle devenir un piège? ».

 

Éviter de se piler dessus et de s’oublier

Certains parents croient que c’est normal qu’ils se « pilent dessus » et qu’ils s’oublient pour prendre soin de leur enfant. Et pourtant, le plaisir est tellement plus présent quand le parent s’écoute et énonce ses besoins, ses désirs, ses limites et qu’il demande à l’enfant de le recevoir.

 

Délimiter le cadre

Le cadre qui délimite les balises à ne pas dépasser, à ne pas transgresser, est défini par les sensations de bien-être, de confort, de plaisir et de sécurité autant pour le parent que pour l’enfant.

Sans limites, l’enfant est insécurisé. Il a tendance à revenir à la charge constamment pour tester les limites de son parent. Ce dernier vit alors une parentalité difficile et exigeante. (Voir à cet effet l’article paru dans viedeparents.ca « Parents trop doux, enfant difficile? »).

 

Conclusion

L’autorité parentale a besoin d’être redéfinie pour s’assurer d’un meilleur équilibre entre l’émission et la réception du côté du parent comme de celui de l’enfant. Les parents ont donc un rôle important pour maintenir des conditions où ils éprouvent eux-mêmes du plaisir pour communiquer à l’enfant ce plaisir issu d’une relation équilibrée entre l’affirmation de ses limites et l’accueil.

Plus le parent accueille ce qui est éveillé en lui par les comportements de son enfant et plus il fait connaître son ressenti et ses limites, plus le plaisir est présent. Il exerce alors une autorité parentale bien assumée.

 

Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation

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