Le mot « attente », en anglais, se dit « Expectation ». Remarquons le « EX » qui situe à l’EXtérieur de soi. Le mot « attente » en lui-même peut suggérer une notion d’exigence. Remarquons à nouveau le « EX » d’exigence. Cette position à l’extérieur de soi pour faire des demandes à l’autre risque de nous faire basculer vers des attentes qui génèrent des frustrations et des déceptions si elles ne sont pas réalisées. Et quand les attentes sont démesurées par rapport à ce que l’autre peut offrir, elles ne sont pas réalistes. Elles génèrent de la frustration et de la déception. Comment ne pas tomber dans ce panneau?
Demeurer sur son propre territoire
À coup sûr, Lorsqu’on communique des attentes dans une relation de couple comme dans toute autre relation, il y a lieu de demeurer sur son propre territoire et de respecter l’autre en observant bien ses réactions verbales et non-verbales. La position différenciée nous invite à accepter les différences de points de vue et à prendre ces différences comme allant de soi. (Voir l’article paru via viedeparents.ca « L’accusation et le jugement : des poisons dans la relation de couple! »). Les mots « besoins », « désirs », « projets » peuvent aussi être utilisés pour communiquer sa vision des choses. Ils comportent moins d’exigences face à l’autre.
Parler en « Je »
Parler en « Je » pour dire « J’aimerais… », « Je désire… », « J’ai besoin… », « Je n’accepte pas! », « Je souhaite… », « Je voudrais… ». Ainsi, on fait connaître à notre partenaire notre vision des choses. « Qu’en penses-tu? » pourrait bien alimenter l’échange qui s’amorce. Comme nous valorisons les choses de manière très subjective, il est bon de consulter l’autre pour connaître son point de vue et cela, même s’Il est différent du nôtre. On ne devine pas généralement les perceptions et les besoins des autres. Le dialogue vient nous aider à clarifier nos demandes et nos réactions devant ces demandes. C’est la responsabilité de chacun des partenaires de la relation de s’affirmer dans le respect et de se faire connaître.
Le « Je » nous libère de la dépendance émotionnelle face à l’autre, en nous situant bien dans notre propre ressenti sur notre propre territoire. Le « Je » permet de ne pas envahir le territoire de l’autre avec nos demandes.
Une réaction d’approbation
Il est possible que ce partage avec l’autre entraîne un effet d’approbation, d’adhésion, d’assentiment, de consentement et d’engagement du partenaire face à notre désir. Mais cette réaction n’est jamais attendue d’emblée ni forcée de l’extérieur. Elle n’est jamais imposée. Car il y aurait alors une rigidité qui s’installerait dans la relation avec ses effets pervers de frustrations et de déceptions.
L’autre est libre de sa réponse
L’autre est toujours libre de sa réponse. Aucune pression n’est exercée sur lui pour performer de quelque manière que ce soit. Dans sa réponse, le partenaire tient compte de sa disponibilité actuelle et de son ressenti réel. Il réfère donc librement à son expérience, à ce qui est éveillé en lui par la demande de l’autre partenaire. Y a-t-il adhésion? Ou non? De manière honnête et authentique, il communique sa position sans « se piler dessus ».
Des solutions sont envisagées
Dans ce dialogue constructif où les deux partenaires expriment leurs positions différentes, des solutions mitoyennes peuvent être envisagées. Ce qu’on appelle parfois des « compromis ». Remarquons ici que le mot « compromis » comporte un « COM » qui signifie « avec ». Donc ce n’est pas contre l’autre que l’échange se fait. On trouve un terrain d’entente, un arrangement quelconque qui satisfait les deux partenaires. Le processus de différenciation et d’individuation est appuyé pour chacun. Le respect des différences se vit concrètement.
Devant le « Non » de l’autre
Quand l’énoncé en « Je » reçoit une réponse négative, comment réagir?
On évite ainsi le conflit et on préserve une relation saine et agréable avec son partenaire.
Le développement de la maturité
En développant de la maturité et en vivant le processus de différenciation, on réalise que chaque personne est dans son monde. Chacune est responsable de son vécu et de son ressenti. En développant plus d’autonomie relationnelle, le dialogue permet de mettre en lumière la vérité de chacune des personnes. Les frontières et les limites du territoire réel de chacune sont respectées.
Conclusion
Le réalisme des demandes que l’on adresse à l’autre est important. La flexibilité et la clarté sont des composantes essentielles du dialogue constructif dans lequel les partenaires s’engagent. Pour s’affranchir des attentes qui peuvent être sources de frustrations et de déceptions, il s’agit de ne pas s’attendre à la similitude et de respecter les différences de points de vue. Ainsi, on se libère de la dépendance émotionnelle qui provoque à coup sûr des frustrations et des déceptions.
Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation