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Quand congé de maternité rime avec remise en question
Quand congé de maternité rime avec remise en question
Pendant de nombreuses années, on court, la vie va trop vite, métro-boulot-dodo… on n’a pas le temps de se demander comment on se porte. Suis-je bien dans mon travail ? Suis-je heureuse ?
Et tout d’un coup, tout s’interrompt. De mon côté, c’est arrivé avant même d’accoucher, car, enceinte de jumelles, j’ai dû arrêter le travail à 28 semaines de grossesse. Tout prend alors un autre rythme, un rythme que je ne me souvenais pas avoir vécu. Tout est au ralenti, on a du temps, du temps pour penser à nous, pour réfléchir et encore réfléchir.
Ce moment a été révélateur pour moi. Ce repos forcé m’a obligée à m’arrêter et à vivre l’instant présent. C’est alors que ma remise en question s’est amorcée. (#remiseenquestion #reorientationdecarriere #momentpresent)
Je travaillais pour la même entreprise depuis longtemps et les dernières années avaient été pénibles. Je ne me sentais plus heureuse au travail ; beaucoup de frustrations accumulées avaient créé en moi un profond sentiment d’insatisfaction. J’avais tout donné pour cette entreprise, presque même ma santé à une certaine époque ; tout donner pour une entreprise, où je me suis investie comme si c’était la mienne… pour recevoir si peu en retour au final.
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Depuis plusieurs années, certaines personnes de mon entourage me disaient de me lancer à mon compte… mais non. Comment allais-je m’y prendre ? Étais-je assez bonne ? Aurais-je des clients ? Je vivais une profonde insécurité face à mes compétences et à mes capacités.
Un temps de repos, c’est un moment durant lequel on a tout le loisir de penser. Et penser, je l’ai fait beaucoup. Au point même qu’avant d’accoucher, je pouvais passer des nuits blanches complètes à redouter mon retour en poste après mon congé de maternité. C’est ainsi qu’un beau matin, après une autre nuit à compter les moutons, je me suis dit que c’était terminé. Comment pouvais-je me rendre aussi misérable pour un emploi ? Comment pouvais-je me sentir presque malade pour un job pour lequel j’étais remplaçable ? Puisqu’il ne faut pas se méprendre, nous le sommes tous, jusqu’à un certain point.
C’est alors que je me suis posé cette question : quelles sont les valeurs les plus importantes pour moi dans la vie et quelles sont celles que je veux transmettre à mes enfants ? La réponse m’est tombée dessus comme une tonne de brique! Les valeurs de l’entreprise qui m’employait étaient à l’opposé des celles qui me sont les plus chères. Voilà ! Dès lors, est-ce que je pouvais me permettre de retourner là-bas, de travailler pour des gens qui avaient des valeurs si différentes des miennes ? La réponse était NON. Absolument pas.
Oh oui, j’ai appris dans ce poste, j’ai évolué beaucoup aussi et je me suis bâti une solide expérience. Et j’ai trouvé des amies que je garde encore aujourd’hui.
Ma décision de ne pas reprendre mes fonctions s’est avérée être la meilleure que j’ai prise dans ma vie. Je venais de retirer un poids énorme de sur mes épaules, et je pouvais maintenant vivre pleinement la fin de mon retrait préventif, en profiter pour me reposer réellement et ensuite, avoir un congé de maternité sans stress. Enfin, jusqu’à l’approche du retour et que là, la question qui tue s’impose à moi : vais-je réussir à me trouver un nouvel emploi?
En mon for intérieur, je savais une chose, c’était que je ne voulais pour rien au monde réintégrer mon poste. J’ai donc commencé mes recherches, pas trop tôt, mais juste assez pour tenter de dénicher un nouveau travail avant le moment fatidique. J’ai cherché partout, j’ai sollicité tous les postes qui correspondaient de près ou de loin à mes compétences.
C’est ainsi qu’après plusieurs dizaines d’envois de curriculum vitæ, j’ai finalement reçu un appel. Une grosse « shop » comme on dit. J’étais emballée, je VOULAIS ce poste. Ça s’est avéré un processus long et ardu, avec quatre entrevues en tout et pour tout. J’ai franchi beaucoup d’étapes pour obtenir cet emploi, qui me semblait être le bon à première vue. Toutefois, quelque chose clochait, et je ne savais pas quoi. Dès que j’entrais dans cette grosse et froide bâtisse, je me ne sentais pas à l’aise, pas à ma place. J’avais un sentiment d’inconfort que je ne pouvais expliquer, mais je fonçais tête baissée, car je ne voulais pas retourner en arrière. C’est ainsi que j’ai finalement été engagée, avec de super conditions ; ils acceptaient même de m’attendre encore deux mois pour que je termine mon congé. WOW, c’était fantastique !
Jusqu’au jour 1, par une belle et froide journée de mars, où je suis enfin entrée en poste. Je pensais alors que tout irait pour le mieux ; je tournais une page de ma vie et une toute nouvelle commençait à s’écrire. Mais, dès les premières minutes, j’ai su que ça n’allait pas. Elle ne m’aimait pas. La personne même qui m’avait pourtant engagée ne m’aimait pas et ça se sentait aisément. Je ne suis pas du genre à être parano, mais mon instinct ne me trompe jamais. Voilà donc que je me retrouvais dans un emploi pour lequel je n’étais plus désirée.
Je vous épargne les détails, ce serait replonger dans cette négativité intense qui a duré en tout trois mois. Trois mois pendant lesquels je me suis sentie diminuée et j’ai perdu toute confiance en moi. Je ne me reconnaissais plus, je me rongeais les ongles jusqu’au coude… Disons que comme retour au travail après un congé de maternité, avec deux bébés jumelles de qui m’occuper, ça aurait pu être mieux.
Encore là, après ces quelques semaines qui m’ont paru des siècles, je me suis reposé cette question : quelles sont les valeurs qui sont importantes pour moi ? En plus, je m’étais fait la promesse de ne plus jamais travailler pour quelqu’un de toxique… mais voilà, j’avais trouvé pire. Tout ceci semble complètement fou quand on y pense. Retomber encore plus bas alors que je croyais que la lumière venait enfin de briller pour moi. Toutefois, après la fin de ce cauchemar, j’ai décidé de prendre l’été en congé avec mes bébés ; j’avais de l’argent de côté et je pouvais me l’offrir.
Tout a sa raison d’être dans la vie et il est essentiel de voir les opportunités qui se présentent à nous. Après réflexion, je peux conclure que la seule et unique explication au fait que j’avais décroché cet emploi, c’était pour me permettre de quitter le précédent. C’est ça. Si je ne l’avais pas eu, j’aurais été obligée de reprendre mon travail et peut-être que j’y serais encore, plus malheureuse que jamais. Et puis, le fait que je sois passée par tout cela, à devoir me remettre en question une nouvelle fois, à essayer de comprendre ce qui arrivait, pourquoi j’étais devenue la personne à abattre pour cette femme, à devoir me refaire une santé psychologique, une confiance en moi… toutes ces raisons m’ont amenée là où je suis maintenant.
J’ai finalement fait le saut, j’ai créé mon entreprise. Je travaille à présent de la maison pour des clients que j’adore. Je fais exactement ce que j’aime faire, pour des gens qui m’estiment et me trouvent compétente. Je m’amuse tout en gagnant ma vie ! Je me suis lancée dans le vide après tant d’années à le souhaiter et aujourd’hui, je peux vous affirmer que je ne changerais rien de tout ce chemin parcouru. Je suis sortie de ma zone de confort et je me suis fait confiance. Voilà ce que ça prend et ce que je veux transmettre à mes enfants.
Soyez heureux, osez agir et sortir de votre zone de confort. Visez le bonheur, rien de moins !
Patricia Roy
Maman de Dahlia et Liana & fondatrice de Dahliana et Cie
Rédaction :
Patricia Roy
Mise à jour : 17 mai 2019
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