ARTICLE

Le Père Noël : mythe ou réalité?

Durant le temps des Fêtes, le Père Noël existe dans le cœur de bien des petits et des grands, ici en Occident. Il est un personnage mythique important dans les traditions qui entourent la fête de Noël. On le voit partout. On en parle beaucoup. On entretient le mythe à savoir est-ce qu’il existe pour vrai ? Peut-on croire au Père Noël ?

Dans les faits, il représente un fantasme collectif issu du monde imaginaire, poétique, fantastique et magique. Il symbolise la bonté même, la générosité, l’amabilité, la présence aimante auprès des enfants. De nos jours, il est reconnaissable avec son costume rouge vif, ses cheveux blancs, sa barbe blanche et sa physionomie corpulente et accueillante. À penser à lui et à le voir, plusieurs enfants ont des étoiles dans les yeux. Ils espèrent avec impatience sa venue dans leur foyer, le jour de Noël car il apportera, dit-on, des surprises désirées par les enfants. Il offrira des cadeaux. Quel plaisir! Par la force de la générosité qui se dégage de lui, le Père Noël se distingue des autres personnages enfantins comme Jeannot Lapin et la Fée des dents. Mais il appartient au même monde : le monde de l’imaginaire où la fantaisie a toute sa place et où plusieurs limites s’estompent. Ainsi, un enfant peut-il imaginer que le Père Noël a une cheminée portative qu’il prend soin d’apporter avec lui, qui lui est fort utile, particulièrement dans les maisons qui n’ont pas de cheminée réelle (histoire vraie).

Publicité

Le Père Noël tire ses origines de Saint Nicolas de Myre, un saint chrétien qui, selon la légende, aurait sauvé la vie de trois enfants. Il distribuait aussi des cadeaux (1). Au Moyen-Âge, l’église catholique a remplacé les figures païennes qui entouraient la fête de l’hiver par Saint-Nicolas. Différentes cultures présentaient des personnages qui donnent des cadeaux en hiver. Le Père Noël est alors devenu le symbole de Noël partout en Occident. Il comporte certaines variantes, selon le climat (1).

Les faits réels

Les études démontrent que 90% des enfants de moins de 7 ans croient au Père Noël (2). Cette croyance cadre bien avec le développement de leur cerveau durant la petite enfance où la pensée magique les aide à expliquer le monde qui les entoure. À ce stade, le réel et l’imaginaire sont confondus alors que, quand la pensée logique se forme dans leur esprit, la distinction entre le réel et l’imaginaire s’effectue aisément. Ainsi, entre 2 et 6 ans, l’enfant recourt à la magie pour tenter de comprendre ses expériences. Vers 4-5 ans, un processus s’opère où, graduellement, il commence à distinguer les évènements imaginaires et la réalité.

Le cerveau des enfants est programmé pour faire confiance aux adultes, au début de leur vie. Ils ne remettent pas en question ce que les adultes leur racontent. On peut ainsi comprendre que si les parents insistent pour dire que le Père Noël existe réellement, l’enfant sera enclin à y croire. De plus, quand l’enfant mature et que son cerveau lui donne accès à la pensée logique, il y a un deuil à consentir. L’enfant quitte une position existentielle pour en occuper une autre, avec de nouvelles ressources. Mais il y a la perte de l’innocence reliée à la pensée magique. À partir de 7 ans, l‘âge de raison, le nombre de partisans du Père Noël diminue drastiquement (2).

Comment accompagner l’enfant dans la prise de conscience graduelle de la réalité ?

Plusieurs pistes d’intervention peuvent aider les parents à accompagner l’enfant dans cette prise de conscience :

  • Suivre le développement pas à pas. Être patient. Prendre le temps qu’il faut. Faire confiance au processus de développement du cerveau de l’enfant.
  • Préserver la magie, l’émerveillement, le plaisir associés à la fête de Noël. Éviter d’être rabat-joie. Et même quand l’enfant vieillit et qu’il se détache de cette figure de bonté, préserver la poésie et la magie au quotidien.
  • Quand l’enfant formule des interrogations concernant le Père Noël, lui demander ce qu’il en pense lui et, à partir de sa réponse, proposer des réflexions qui l’aideront à distinguer graduellement l’imaginaire du réel.
  • Appuyer les observations réelles de l’enfant. Ex. : plusieurs personnages de Père Noël à des endroits différents, fausse barbe et vraie barbe, déguisements de Père Noël accessibles, etc.
  • Respecter le rythme de l’enfant. Ne pas devancer ou précipiter les étapes.
  • Présenter graduellement le Père Noël comme une histoire fantastique, merveilleuse, symbolique avec un personnage aimable qui fait du bien à tout le monde, petits et grands.
  • Éviter d’exploiter la crédulité et la naïveté de l’enfant. Éviter de le menacer de ne pas avoir de cadeaux du Père Noël s’il n’écoute pas les consignes, s’il adopte un comportement dérangeant, etc. Éviter de confondre discipline et magie de Noël.
  • Présenter le Père Noël comme un personnage dans le cœur des personnes.
  • Respecter le mythe collectif qui existe depuis fort longtemps et s’inscrit dans l’histoire humaine et son évolution.
  • Développer une approche ludique avec un jeu symbolique que l’on joue dans la période la plus sombre de l’année dans la nature. Garder son âme d’enfant qui s’émerveille devant les plaisirs de la vie associés à la fête de Noël.
  • Éviter de forcer un enfant qui a peur du Père Noël pour qu’il aille sur les genoux du personnage. Le laisser observer de loin, apprivoiser sa peur. Verbaliser ses émotions. (Voir l’article paru dans Vie de Parents « La peur chez l’enfant : comment accompagner? »
  • Proposer à l’enfant de jouer avec un costume de Père Noël et accompagner la réflexion qui vient avec cette expérience où l’enfant manipule le costume.
  • Selon l’intérêt de l’enfant, expliquer l’origine du personnage du Père Noël et son évolution à travers le temps.
  • Expliquer la différence entre un mythe, un personnage mythique et une personne vivante réelle quand l’enfant montre des signes par ses interrogations et ses réflexions qu’il est prêt.
  • Si, de lui-même, l’enfant n’embarque pas dans le mythe du Père Noël, ne pas insister. Respecter le choix de l’enfant.
  • Considérer l’imagination comme un moteur essentiel du développement (2).
  • Permettre à l’enfant d’offrir lui aussi des cadeaux, avec le Père Noël qu’il ressent dans son cœur qui l’encourage à être généreux, bon et aimable.

Par Jocelyne Petit, Docteure en Sciences de l’Éducation.

Références

  • Hôpital de Montréal pour enfants, Doit-on les laisser croire au Père Noël ? (Sur le web)
  • Marine Corniou, Revue Québec Science, Père Noël : faut-il mentir aux enfants? 2013 (sur le web)

Équipe Naître et grandir, Revue Naître et grandir, Croire au Père Noël, novembre        2020.

Françoise Dolto, Lorsque l’enfant paraît, Éditions du Seuil. 2008.

Articles sur le même sujet

ARTICLE
L’Avent le temps du Week-end

L’Avent le temps du Week-end

Par Geneviève Harvey-Miville, Les Z’imparfaits - 26 novembre 2020

Cet article a été écrit par Geneviève Harvey-Miville, collaboratrice à Vie de Parents et Voici ces mots :  Depuis quelques...

Lire l'articleVie de parentsVie de parents
ARTICLE
Enfants et attentes envers Noël : comment accompagner vos petits

Enfants et attentes envers Noël : comment accompagner vos petits

Par Geneviève Harvey-Miville - 27 novembre 2017

Noël est souvent décrit comme une période de l’année où l’abondance et la générosité sont à l’honneur. C’est alors le...

Lire l'articleVie de parentsVie de parents
ARTICLE
Guide des Fêtes : plus de 30 suggestions #viedeparents

Guide des Fêtes : plus de 30 suggestions #viedeparents

Par Les Parents - 6 décembre 2024

La vie de parents, c’est un vrai tourbillon et la période des Fêtes ne fait pas exception. Notre équipe a...

Lire l'articleVie de parentsVie de parents

Blogues sur le même sujet

Vie de parents Blogues
Spécialistes Vie de parents

Vie de parents, c'est aussi une référence de spécialistes provenant de partout au Québec.

Découvrez les spécialistes de votre région.

Trouvez un spécialisteVie de parentsVie de parents

© Vie de Parents 2025