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Congeler ses ovules : un pied de nez à l’horloge biologique

Une petite fille naît avec tous les ovules dont elle aura besoin pendant ses années de procréation : entre la puberté et la ménopause, ce stock s’épuise lentement.

Cryoconservation d’ovules : un historique

La cryopréservation des spermatozoïdes et des embryons est possible depuis de nombreuses années, mais les ovules sont beaucoup plus difficiles à cryopréserver et les tentatives initiales avaient des taux de survie très faibles lors de la décongélation. Pendant de nombreuses années, des embryons ont été cryoconservés par une technique de congélation utilisant des cryoprotecteurs pour tenter de minimiser les dommages causés par la formation de cristaux de glace. Même si on obtenait des taux de survie raisonnablement élevés pour les embryons avec la congélation, la formation de cristaux de glace dans la congélation d’ovules présentait des taux de survie médiocres.

Ce n’est que lorsque la technique de cryoconservation appelée « vitrification » a été développée que la possibilité de cryoconserver des ovules présentant un taux de survie élevé a enfin permis d’envisager de congeler des ovules. La vitrification est une technique de cryoconservation extrêmement rapide qui contourne la formation de cristaux de glace, ramenant la température du matériau à -180 °C en moins d’une seconde. Avec la vitrification, il est possible de cryoconserver des ovules et d’atteindre des taux de survie de l’ordre de 90 % à 95 %!

Pourquoi je ferais « congeler » mes ovules?

La capacité de cryopréserver les ovules avec succès ouvre diverses possibilités aux femmes. C’est notamment un progrès significatif pour les femmes atteintes de cancer qui doivent suivre un traitement de chimiothérapie pouvant les rendre stériles. Pour ces jeunes femmes qui ne sont pas rendues à fonder une famille au moment de leur diagnostic, la possibilité de cryoconserver leurs ovules permet de se focaliser sur la lutte contre le cancer en sachant que si le traitement les rend stériles, il leur sera possible d’utiliser leurs propres ovules dans le futur.

La cryoconservation des ovules a aussi ouvert un monde de possibilités aux femmes, par la préservation élective de la fertilité. Le vieillissement d’une femme concerne aussi ses ovules. Il est prouvé qu’une femme qui approche de 40 ans a 60 % à 70 % de risque de développer des anomalies chromosomiques de ses embryons. Cela se traduit aussi par un risque de fausse couche plus élevé et un taux de grossesse plus bas.

Depuis toujours, les femmes vivent avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête : leur propre horloge biologique. Elles sont cependant nombreuses à faire le choix de différer une grossesse pour lancer leur carrière, voyager, trouver le bon partenaire, vivre des expériences significatives ou, tout simplement, attendre de se sentir prête à vivre la grande aventure de la maternité.

La congélation de leurs ovules leur donne l’assurance de pouvoir fonder une famille à leur rythme si jamais elles découvrent qu’elles ont du mal à concevoir au moment choisi. Et c’est un véritable avantage, car elles ont accès à leur propre matériel génétique alors que, par le passé, la seule option aurait été un don d’ovules.

La conservation des ovules implique un processus similaire à un cycle de fécondation in vitro. La femme prend des médicaments qui provoquent la formation de plusieurs follicules dans les ovaires. La croissance des follicules est contrôlée par échographie et, une fois que les follicules sont matures, les ovules à l’intérieur peuvent être récupérés à l’aide d’une procédure simple. Les ovules matures récupérés dans les follicules sont ensuite vitrifiés par l’équipe d’embryologie et entreposés dans de l’azote liquide jusqu’à ce que la femme choisisse de les utiliser.

Au Québec, il est possible de faire vitrifier ses ovules à la clinique ovo. Pour en savoir plus : www.futurovo.com

Simon Phillips, PhD

Chef du laboratoire d’embryologie de la clinique ovo

Directeur scientifique et des opérations d’ovo cryo