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Un nouveau départ retardé

 

À l’aube de la quarantaine, mariée depuis 6 ans, maman d’une fille de 2 ans… Je n’en peux plus de vivre avec mon conjoint. En ces temps de covid-19 et de confinement, le poids de notre non-relation est encore plus lourd.

 

Plus ça va et plus la distance entre nous s’agrandit… Je m’efforce de faire bonne figure, de rester forte pour ma fille, mais je peux dire aujourd’hui que je ne le supporte plus. Il ne cherche pas à évoluer, se contente de sa vie actuelle, n’a aucune ambition, ne cherche pas à se cultiver, passe son temps sur les réseaux sociaux. À tous niveaux et depuis plusieurs mois, c’est le vide total entre nous.

 

Cela fait plusieurs mois déjà que j’étais en réflexion sur un éventuel divorce, mais la bonasse en moi, l’optimiste, la nostalgique, repoussait sans cesse les limites d’une décision difficile entrevoyant l’Everest qui se présenterait devant moi par la suite.

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Décision difficile, car tout repose constamment sur moi : les finances, le toit, la tenue de la maison, le ménage, la cuisine, les décisions, les achats divers, le bien-être de la maison, de notre fille, le mien, et j’en passe… Tout est ma responsabilité et tous les acquis sont les miens, alors je suis celle qui a le plus gros à perdre dans tout ça, particulièrement lorsque je m’imagine voir ma fille seulement 50% tu temps.

 

J’ai toujours été une femme dévouée et généreuse pour ceux que j’aime, particulièrement en amour, car j’ai toujours cru être à la recherche de mon âme sœur. Mon mariage a d’ailleurs commencé sur une drôle de note, mais encore ici, ma nature positive et idéaliste m’a fait foncer dans cette nouvelle aventure au nom du grand amour tant espéré.

 

Pendant plusieurs années, j’ai donné, j’ai aussi reçu, mais jamais à la hauteur de mes attentes, ou plutôt à la hauteur de ce que je croyais mériter. J’ai vécu de merveilleux moments, mais aussi des douleurs immenses qui allaient à l’encontre de la personne que je suis profondément. Je me suis oubliée au nom de l’amour, de la famille unie, du mariage réussi. Comme quoi les années de vie et de déceptions amoureuses ne nous font pas toujours apprendre de nos erreurs et devenir plus sage.

 

Malgré tout, de bon cœur et dans une réelle envie de famille, j’ai décidé d’avoir un enfant avec lui après plusieurs discussions sur d’innombrables sujets d’intérêt. La grossesse fut un moment heureux et je me compte chanceuse de l’avoir vécue sans nausée, douleur, vergeture et autre problème. Ce fût une belle période de notre relation, tous deux impatients et heureux de lui voir la jolie binette.

 

La naissance fut aussi un moment heureux mais les mois qui suivirent m’ont confirmé une fois de plus que j’étais seule responsable du bien-être de la maison, de notre fille et du mien. Moi qui avait espéré voir un changement de comportement de sa part, une réelle volonté d’engagement, de prendre part à la vie familiale, de partager les responsabilités, la charge mentale, encore une fois, tout reposait sur mes épaules. Certes, il « s’occupait » de sa fille, changeait des couches à l’occasion et « jouait » avec elle, mais quand venait le temps de voir à la santé, au bon développement, à la nourrir, c’était autre chose. Avec le retour au travail, c’est une autre charge qui s’ajoutait à tout ça.

 

J’ai dû admettre que j’avais finalement marié un paresseux, un inactif, un narcissique, un homme qui croit que c’est la femme qui doit tout gérer et accomplir dans la maison et avec les enfants. Bref, un homme à la mentalité arriérée de certains autres continents.

 

Pour le bien de ma fille et mon propre bien-être, j’ai toujours tout fait. Et malgré ma volonté de communication, de voir un partage s’installer, d’espérer une ouverture de sa part, les choses n’ont jamais vraiment changé.

 

Les mois passèrent, les responsabilités familiales et parentales de toutes sortes étaient toujours à ma charge et le poids sur mes épaules de plus en plus lourd.

 

D’autres événements sont venus s’ajouter dans la balance pour me pousser à songer au divorce, mais je ne les nommerai pas tous, sinon que près de deux années complètes sans relation sexuelle, sans affection de son mari, sans l’impression de se sentir désirée, et même plusieurs mois sans s’embrasser et se dire je t’aime. Après un certain temps, j’ai lâché prise sur ce que j’espérais de sa part. J’ai abandonné…

 

Étais-ce finalement ce que j’espérais d’une relation amoureuse, d’une vie de famille? Étais-ce le bonheur que je méritais pour le reste de ma vie? Étais-ce vouloir le bonheur de ma fille et mettre le mieux de côté que de rester dans cette non-relation? Certainement pas…

 

Mentalement, je m’étais fixée une limite à tout ça pour lui parler, entamer des démarches concrètes et mettre un terme à cette douleur. Mentalement, je m’étais dit que la mi-mars, à l’aube du printemps, serait le moment décisif où ça passe ou ça casse. Puis, le glas de la covid-19 a sonné définitivement le 13 mars dernier, me laissant seule devant mon impuissance, devant une décision à reporter une fois de plus, devant un mal à endurer encore pour plusieurs semaines ou plusieurs mois, devant une lourdeur de plus en plus difficile à porter mentalement.

 

Isolée dans ma ville, dans ma maison, dans mon cœur, obligée de continuer à télé-travailler tout en m’occupant de tout, je ne m’imaginais pas entamer des démarches difficiles et devoir tout faire complètement seule.

 

C’est donc armée de mon courage que je pris mon mal en patience, forcée de mettre mon bonheur sur pause et mon bien-être de côté. Je décidai d’endurer mon mal pour les prochaines semaines afin de pouvoir continuer à travailler, alléger un peu mon quotidien, mais alourdir davantage ma santé mentale et mon cœur.

 

Par moment, j’ai envie de hurler, de sortir courir à l’autre bout de la ville, m’effondrer au fond de ma douche pour crier ma douleur, ma tristesse. Tout est lourdeur, tout est douleur, tout est malheur et tout est peur, surtout quand je pense à la montagne qui viendra post-covid.

 

J’aime la vie, je suis de nature optimiste et idéaliste, et jamais je ne songerai au suicide, mais ces temps-ci, outre le sourire de ma fille et son enthousiasme débordant, tout me pèse et me donne envie de pleurer.

 

« Ça va bien aller » disaient-ils… Quand on ne pense plus, qu’on ne réfléchit plus, qu’on s’oublie, qu’on oublie son bonheur personnel, oui, ça va bien aller. Car au fond c’est ça, on doit penser au bonheur collectif, être résilient et altruiste pour vouloir passer à travers cette crise, cette douleur sociale, ce mal-être mondial.

 

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