L’Organisation mondiale de la santé (OMS) débute l’année du bon pied en annonçant qu’elle reconnaîtra maintenant l’obsession des jeux vidéo comme étant une maladie mentale, au même titre que le jeu pathologique ou l’utilisation abusive de substance psychotrope. Malgré le fait qu’il y a peu d’études et de statistiques sur le sujet, plusieurs experts de la santé s’entendent pour dire qu’il y a là un réel problème. Lorsqu’on parle de «Trouble du jeu vidéo», le porte-parole de l’OMS, Tarik Jesarevic, mentionne qu’il est alors question «d’un comportement lié aux jeux vidéo sur Internet ou hors ligne qui se caractérise par une perte de contrôle sur le jeu, une priorité croissante accordée au jeu par rapport à d’autres activités, au point qu’il prenne le pas sur d’autres centres d’intérêt».
Qui sont ces jeunes?
Plus près de nous, au Québec, Magali Dufour, professeur agrégée, docteure en psychologie et directrice de la maîtrise en toxicomanie de l’Université de Sherbrooke, a mené la première étude québécoise sur le sujet. Cette étude, menée auprès des 14-17 ans, révèle que 70 % des sujets dépendants sont des garçons (contre 14 % de filles).
Il est aussi observé que chez plusieurs sujets, la dépendance au jeu est présente au même moment que la dépression, l’anxiété et même les idées suicidaires. De plus, comme ils sont source d’une grande stimulation, bien souvent les jeux vidéo interpellent davantage les jeunes atteints du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). On parle beaucoup de jeux vidéo, mais lorsqu’il est plutôt question des jeunes filles, elles utiliseront davantage les réseaux sociaux et seront ainsi moins portées à aller consulter afin d’obtenir de l’aide. Dans un cas comme dans l’autre, ces jeunes passeront en entre 40 heures et 60 heures par semaine sur le Web.
Que faire?
La Direction de la santé publique (DSP) de Montréal considère que cette annonce faite par l’OMS en début d’année lui facilitera la tâche puisque cela permettra à ses intervenants de mieux expliquer la problématique et de la faire comprendre. Ceci étant dit, pour le moment, il n’existe pas de centre de traitement contre la dépendance au jeu. Par contre, les jeunes souffrant de cette dépendance peuvent être pris en charge par les Centres de réadaptation en dépendance. Ces établissements publics offrent à une clientèle de tous les âges des traitements contre moult dépendances (aux drogues, à l’alcool jeu compulsif et au jeu vidéo). Il existe 16 Centres de réadaptation en dépendances au Québec et chacun d’eux propose gratuitement des interventions familiales où on préconise une approche qui permet aux jeunes et à leurs parents de reprendre le dialogue. Pour ces jeunes vivant avec le «Trouble du jeu vidéo», il est aussi possible de se tourner vers le Centre Le Grand Chemin. Cet organisme à but non lucratif dispense des services aux adolescents vivant avec une dépendance. Le programme offert dans ce centre est d’une durée de huit à dix semaines à l’interne suivies de quatre mois de suivi à l’externe.
Bien que ce trouble demeure relativement nouveau, cette problématique n’est pas à prendre à la légère puisque les nouvelles technologies se retrouvent partout ; il devient alors de plus en plus difficile d’en faire abstraction.
Complément d’information
Parce que ces jeux sont conçus pour procurer suffisamment de défis et de renforcement afin de garder nos adolescents accrochés le plus longtemps possible.
Il s’agit d’un concept en psychologie qui plonge une personne dans un état d’engagement et qui la maintient ainsi suffisamment longtemps pour qu’elle ne voie pas le temps passer.
Parce que tout comme la drogue chez les toxicomanes, le jeu fait appel au circuit de la récompense chez les joueurs.
Source : http://lactualite.com/societe/2017/11/10/accros-aux-ecrans/