Vous reprenez vos droits sur votre tablette que votre ado monopolise. Mais voilà qu’avant de chercher votre recette pour le souper de ce soir… vous tombez sur des mots-clés un peu louches… Est-ce que par hasard votre ado consulte de la porno sur votre tablette (tout en oubliant d’effacer son historique)?
Et inutile de vivre dans le déni : selon une étude d’HabiloMédias, 40% des adolescents ont admis avoir cherché de la pornographie en ligne. Ouf. OK. On fait quoi?
Oui, au risque d’être mal à l’aise, vous allez devoir poser la question à votre ado. Bien qu’en principe, ils ne devraient pas avoir accès à de telles images avant 18 ans, on sait qu’il en est autrement… A priori, les jeunes sont curieux. Ils entendent leurs amis en parler, ils se font agacer et eux aussi veulent savoir pourquoi il y a tant de fébrilité lorsqu’on parle de pornographie. Il arrive même que les jeunes utilisent ce médium afin d’en apprendre plus sur la sexualité. Et vous imaginez bien que quand on tape « sexe » sur Google, c’est des sites pornographiques qui sont suggérés pas des sites d’éducation sexuelle!
En plus, l’offre pornographique s’est adaptée à la réalité d’aujourd’hui : on est pas mal loin de la version de Emmanuelle ou de Bleu nuit diffusée le vendredi et samedi soir à minuit. De nos jours, la porno accessible en tout temps et il y en a pour tous les goûts : hétéros, gais, lesbiennes, transsexuels, sado-maso, pour les féministes, pour ne nommer que ceux-là.
La pornographie, c’est du cinéma… un produit qui sert à vendre. Ce n’est ni la réalité ni de l’éducation. Le but est d’exciter les gens qui l’écoutent pour qu’ils satisfassent un besoin sexuel rapidement. Quand vous regardez un film d’action ou d’horreur qui provoque une bouffée d’émotion et d’adrénaline, vous savez très bien que ça ne se passe pas comme ça dans la vraie vie. Il faut donc que vous établissiez ce parallèle avec votre jeune puis de faire confiance à son jugement. L’écoute de contenu pornographique peut susciter plein de questionnements chez votre jeune. Ouvrez la porte au dialogue, comme pour tous les sujets délicats de notre époque.
Si l’adolescent n’est pas sensibilisé au fait que ce qu’il voit dans la pornographie est irréaliste, il risque d’entretenir des attentes très élevées dans sa vie sexuelle, que ce soit en se mettant de la pression de performer ou en ayant des attentes démesurées envers son/sa partenaire.
L’exposition trop facile à la pornographie aurait pour effet que les jeunes utilisent moins leur imagination pour développer des fantasmes. C’est tragique, parce que l’imaginaire occupe une place de choix dans le développement des relations amoureuses et sexuelles.
Consommer trop de porno est un obstacle à la réussite de nos relations dans la vraie vie. En plongeant dans cet univers, notre perception de la réalité se déforme et il devient de plus en plus ardu de vivre la réalité telle qu’elle est sans être déçu, en quelque sorte.
Le plus important, c’est de se souvenir que la porno n’est pas une représentation de la réalité, mais bien du cinéma. Écouter un film de superhéros, c’est super, tant qu’on ne s’attend pas à pouvoir voler dans la vraie vie. Il en va de même pour la pornographie. S’il arrive à faire la part des choses, ça peut trouver une place dans la vie de notre ado. Ça peut même avoir des effets positifs, en suscitant l’intérêt pour la sexualité, en éveillant le désir… L’adolescence est une période de découvertes et de recherche. Assurez-vous cependant de développer le sens critique de votre ado, et qu’il soit ouvert à vous poser des questions au besoin. Comme dans tout, si vous avez l’impression que sa consommation est excessive… informez-vous. Les sexologues, psychothérapeutes ou psychologues peuvent soutenir votre ado afin qu’il trouve un équilibre dans sa vie sexuelle.
Maud Pellerin, ps.éd.
Sources : https://www.lapresse.ca/vivre/sexualite/201405/29/01-4770998-les-jeunes-canadiens-regardent-regulierement-de-la-pornographie-en-ligne.php
Rédaction :
Mana, Clinique d’intervention jeunesse
Mise à jour : 13 novembre 2018
