Ce texte a été écrit par Marie-Christine Brault, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en enfances, médecine et société et professeure au Département des sciences humaines et sociales de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC).
En tant que chercheure, je m’intéresse au bien-être des enfants et je me questionne sur les effets qu’engendre le regard des adultes et des institutions sur eux. On ne peut le nier, les enfants sont très observés dans notre société actuelle! On veut s’assurer de leur bon développement, on veut éviter les retards dans les apprentissages et aussi s’assurer que les problèmes n’empirent pas dans le temps. Ce regard posé sur nos enfants se veut favorable, mais comme notre société ne tolère pas très bien le risque, on s’inquiète rapidement de leur avenir. En confrontant de plus en plus tôt les enfants à « la » norme et en utilisant une définition de plus en plus étroite de la normalité, des conséquences insoupçonnées peuvent survenir. Celle notamment d’avoir de plus en plus d’enfants qui sont étiquetés pour des troubles et des difficultés. On parle alors de médicalisation de l’enfance, qui est d’ailleurs l’une des périodes de la vie parmi les plus médicalisées.
La médicalisation survient quand un problème non médical est transformé en un problème médical, lorsqu’on le considère comme un trouble ou une maladie et qu’on utilise des mots, des explications ou des solutions médicales. À ne pas confondre avec médication, qui est l’une des étapes de la médicalisation. En fait, la plupart des étapes se font avant l’entrée dans le bureau du professionnel. Tous y participent, incluant les institutions médicales, mais aussi scolaires et médiatiques.
Dans le cas des expériences de médicalisation durant l’enfance, les comportements, peu valorisés socialement (manque de concentration, agressivité) ou causant possiblement un tort à l’enfant ou à autrui (p.ex. difficultés scolaires, désorganisation), sont souvent ceux qui font l’objet d’une prise en charge médicale. C’est donc souvent nos observations en tant qu’adulte qui, bien qu’elles partent d’une bonne intention, vont mener au processus de médicalisation. Il peut en effet être difficile de tolérer un enfant qui sort du moule. En tant qu’adulte, on peut avoir des pensées liées à nos expériences personnelles qui expliquent pourquoi on est rapide à utiliser certaines étiquettes et choisir la médication. Ces comportements, bien qu’ils varient en fréquence et en intensité, sont pourtant présents chez beaucoup d’enfants et sont normaux dans une certaine mesure.
Pour tenter d’aider nos enfants, nous concentrons plus souvent notre attention sur les manques à gagner, sur ses problèmes et ses déficits. On devrait d’emblée se poser la question, est-ce que chaque diagnostic est le reflet d’un trouble? Bien que la médicalisation découle souvent d’un idéal de bienveillance, on pense toutefois rarement aux contrecoups potentiels : effets secondaires de la prise de médicaments non nécessaires; accentuer les déficits plutôt que valoriser les forces; réduire l’identité de l’enfant à une étiquette et toute la diminution des attentes qui s’ensuivent… Sans oublier que l’on soigne des individus pour des problèmes qui peuvent émaner de la société et pour lesquels les solutions les mieux adaptées passeraient plutôt par la révision des politiques publiques et le questionnement des valeurs sociétales.
À force de parler de mes préoccupations au sujet de la médicalisation, j’ai reçu des témoignages de parents qui se montrent critiques et qui questionnent cette quête de diagnostic ou refusent de recourir aux médicaments comme solution unique. Ces parents se placent à contre-courant de la tendance actuelle et informent sur un angle inédit de la médicalisation durant l’enfance. Si vous vous reconnaissez, contactez-nous ! Mes collègues et moi cherchons des parents pour participer à notre étude sur ce sujet. À long terme, nous espérons que cela aidera à trouver des pistes pour limiter la médicalisation durant l’enfance, tout en contribuant au bien-être des enfants et des adultes qui les entourent.
Pour en savoir plus sur notre étude, cliquez ici.
Pour en savoir plus sur la médicalisation des difficultés des enfants et le cas du TDAH, consultez cette infographie.
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